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En France, on constate et subit les conséquences du déclin économique : souveraineté qui recule,
montée de la précarité, des conflits sociaux, des déficits publics, des délocalisations, de la désindustrialisation…
Concrètement, le marché de l’emploi ne génère plus suffisamment d’emplois bien rémunérés et le mode de
financement de l’entrepreneuriat ne permet pas l’émergence de la prospérité technologique. Qu’avons-nous
construit ces quelques dernières décennies ?
Depuis la fin des Trente Glorieuses, la vision économique qui prédomine est celle du
dirigisme : une élite deconnectée des grands changements du monde met en place plan de relance sur plan de relance
et empile dispositifs sur dispositifs. Il y a eu le
plan France Relance,
plus récemment, le
plan France 2030,
mais qui se souvient encore des promesses du
Pacte de Responsabilité de 2014,
ou de celles du
Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi
de 2012, avec comme mesure phare le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l'emploi,
le CICE ?
Plus loin encore, qui se souvient encore des promesses de la
Commission pour la libération de la croissance française
ou du
plan de relance de Villepin de 2005,
ou de tous les précédents ? Concrètement, si le dirigisme économique avait été efficace, on ne parlerait plus aujourd’hui d’un nouveau plan
de relance ou d’un nouveau dispositif.
Mais au fait, d’où vient l’argent qui finance ces interventions économiques ?
Selon un
rapport parlementaire de 2021,
le montant des aides aux entreprises en 2018 était d’environ 140 milliards d’euros. En 2022, L’Institut de recherches
économiques et sociales (Ires) publie une étude intitulée
« Un capitalisme sous perfusion »
qui porte le montant des aides aux entreprises à 157 milliards d’euros, dont 61 milliards d’exonérations fiscales,
64 milliards d’exonérations de cotisations salariales employeurs, et 32 milliards de subventions en tout genre. Les aides
à la création d’emplois sont par exemple celles sur le site de
France travail
ou encore celles des collectivités locales du portail
Les aides.
Les aides à l’entrepreneuriat sont entre autres répertoriées sur le site de la
Chambres des Métiers (CMA)
ou encore sur le site de la
Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI). Par ailleurs
plus de 4 500 autres aides aux entreprises sont gérées par les collectivités locales et regroupées sur le
site
Aide territoires.
L’intervention économique se matérialise essentiellement par des aides à la création d’emplois et des aides à
l’entrepreneuriat. Certaines sont des dépenses directes, telles que des subventions, mais il y a aussi des
avances remboursables, des allégements fiscaux, des prêts, des garanties de prêts, auxquels se rajoute le coût des
structures administratives d’accompagnement… un millefeuille d’aides. Au niveau du budget de l’État, cela consiste en
des programmes de dépenses tels que le
Programme 102 Accès et retour à l'emploi
ou le
Programme 423 - Accélération de la modernisation des entreprises ou
encore le
Progamme 425 - Financement structurel des écosystèmes d'innovation
Un fric dingue, pour quel résultat ? Le déclin.
La suradministration de l’économie consiste ainsi à confier à l’Administrateur la mission de décider de l’allocation
des ressources productives : il prélève, puis redistribue. Du chômage ? Une nouvelle mesure pour créer de
l’emploi, un nouvel acronyme. Des entreprises en difficulté ? Un nouveau plan de soutien. Pas assez de
startups ? Un plan startup, une nouvelle structure, un nouveau Monsieur Startup. L’économie est en panne,
des grèves et des manifestations pour plus de pouvoir d’achat ? Un nouveau dispositif, une nouvelle aide,
une nouvelle prime…
En réalité, la prospérité économique repose sur un marché de l’emploi qui génère des opportunités d’emplois
bien rémunérés et sur un mode de financement de l’entrepreneuriat qui crée des entreprises en phase avec
les opportunités de marché, notamment en phase avec la mondialisation et la technologie. Or dans ces deux
domaines, au lieu d’un acteur en charge de réglementer le marché, l’État est devenu un acteur dominant qui
entrave le fonctionnement naturel de l’économie avec une intervention qui prétend protéger les citoyens et les
entreprises, mais qui pourtant représente un coût d’opportunité. Ce n’est une question d’intention, mais de résultat.
Alors, pour relancer l’économie française, nous proposons de désadministrer le marché
de l’emploi et le financement de l’entrepreneuriat : nous proposons la démocratie économique et le renouveau du
contrat social.
Plutôt qu’un marché de l’emploi structuré autour de la sécurité de l’emploi, nous proposons
de restructurer le marché de l’emploi autour du concept de l’opportunité, avec la mise en place de l’emploi au
bon vouloir des parties combiné à une assurance chômage universelle. Plutôt que nier qu’un emploi privé se doit
d’avoir une justification économique et nier que celle-ci puisse évoluer, nous allons reconnaître que les
entreprises ont besoin de s’adapter aux opportunités de marché et que les citoyens ont besoin d’opportunités
d’embauches. Nous proposons de supprimer les aides à la création d’emplois et de financer une assurance chômage
universelle qui, d’une part, libère l’entreprise et le salarié de l’emprise mutuelle, et qui, d’autre part,
s’accompagne d’un droit universel à la formation pour sortir de l’emprise des aides sociales. Le renouveau du
contrat social consiste à permettre au marché de l’emploi de fonctionner de manière efficace
pour générer plus de prospérité, tout en utilisant le pouvoir du collectif pour accompagner les individus dans leur
projet professionnel selon leurs aspirations personnelles.
Plutôt qu’un financement de l’entrepreneuriat suradministré, qui fonctionne avec des aides à la création d’entreprises
et des subventions, nous proposons de supprimer ces aides aux entreprises et de structurer le financement de la
création d’entreprises autour du sens des affaires des acteurs de l’entrepreneuriat. Pour favoriser la création
de TPE/PME, nous proposons ainsi d’utiliser le pouvoir du collectif pour garantir des prêts création-entreprises.
Pour favoriser l’innovation entrepreneuriale, nous proposons de développer le financement par les royalties.
Et pour amorcer la prospérité technologique, nous proposons de permettre aux chefs d’entreprises de décider d’investir
une partie de leurs impôts sur les bénéfices dans des startups financées à hauteur des besoins. Ainsi, plutôt que nous
fier à l’Administrateur pour créer des entreprises comme au temps des manufactures royales, il s’agit de nous fier
au sens des affaires des acteurs économiques et de recentrer de transformer le rôle de l’État en un arbitre.
Notre approche est ainsi basée sur le respect de la réalité : reconnaître ce qui marche de ce qui ne
marche pas pour guider l’action politique. Actuellement, notre modèle économique suradministré ne nous permet pas
de profiter des opportunités de la mondialisation et de la technologie.
Toutefois, le déclin n’est pas uniquement le fruit de mécanismes institutionels défaillants mais aussi le résultat d’un
environnement culturel qui bride la réussite individuelle. Personne se positionnerait ouvertement contre la réussite de
l’autre, mais là encore il ne s’agit pas d’intentions mais de résultats, de décisions dans les moments clés.
En France et plus largement en Europe, nous avons historiquement et culturellement hérité d’un modèle de société conçu
pour la guerre, mais pas pour l’échange. À l’ère de la mondialisation et de la technologie, cela se remarque aux
réussites économiques que d’autres on contruit et que nous n’avons pas pu construire : depuis 1975,
0 entreprise française de plus de 10 milliards créée, 220 aux États-Unis et 84 en Californie.
Nous proposons donc la mise en place d’une démocratie économique en transférant le pouvoir d’allocation
des ressources vers les acteurs de l’économie et de transformer le rôle de l’Etat en un arbitre économique.
Il s’agit aussi d’eveiller une prise de conscience collective pour remettre le respect mutuel au centre des décisions.
Avec la technologie et la mondialisation, la réussite de l’un dépend du respect de l’autre et bloquer l’envol dans les
quelques moments charnières représente un énorme coût d’opportunité qui ne permet pas au collectif de profiter de
la prospérité moderne.
Le renouveau du contrat social que nous proposons consiste à nous entraider à prospérer, c’est-à-dire à utiliser
le pouvoir du collectif pour gérer les externalités sociales d’une économie désadministrée. Telle est notre vision
de l’économie : économiquement efficace et socialement juste.